Déclaration à la formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail des Hauts de Seine du 30 mars 2023

Monsieur le DASEN,

Monsieur le secrétaire général,

Nous venons de vivre la 10e grande journée de mobilisation, de nombreuses écoles et établissements du secondaire ont connu des taux importants de collègues grévistes. Cela devrait vous alerter sur le mal-être qui règne au sein de la profession. Non seulement le gouvernement entend pousser à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, mais aussi à poursuivre la casse de l’enseignement avec la mise en place du PACTE.

Si la loi est appliquée, il est certain que les conditions de travail des enseignants vont se détériorer et la F3SCT va être de plus en plus saisie. Avec deux ans supplémentaires au travail, de plus en plus d’enseignants vont se retrouver en moins bonne santé au travail. L’objectif de la contre-réforme des retraites ne serait-il pas celui de la dégradation de la santé des personnels ?  Par ailleurs, alors que l’école doit aussi être l’école de l’apprentissage de la démocratie, le gouvernement s’apprête à appliquer une loi qui n’a pas été votée par la représentation du peuple, qui n’a pas reçu l’assentiment de l’ensemble des syndicats représentatifs dans le pays, qui est rejetée par 92% des salariés, et plus de 70% de la population. Pensez-vous donc que le dialogue social dont vous vous gargarisez n’en sera pas rompu, au mieux écorné ? Le Président de la République et son gouvernement ont encore la possibilité de retirer cette funeste loi. Ainsi, ils tiendront compte des millions de salariés qui ont battu le pavé, qui rejettent cette retraite de la mort.

A cela se rajoutent les restrictions de moyens engagées pour la prochaine rentrée. Dans les Hauts-de-Seine, ce sont des dizaines de classes qui ferment et des centaines d’heures qui sont retirées aux établissements du secondaire. Les collègues se sont largement mobilisés sur la question de leur DHG, comme le 23 mars dernier à Gennevilliers où tous les établissements, avec les parents d’élèves et des élus, ont organisé une journée « école morte » pour protester contre la baisse des moyens. Votre principal argument : l’outil démographique. Or, les élèves, comme les personnels, ne sont pas des unités comptables. Nous avons un public de plus en fragile, encore sous le contrecoup de la COVID, une situation sociale dégradée, une pression scolaire sans précédent avec l’introduction des algorithmes comme mode de gestion. Parcoursup en est la triste représentation.

À propos des infirmières scolaires, ne serait-il pas temps d’augmenter leur salaire afin de rendre le métier attractif ? Une étude du haut conseil de la famille explique qu’il y a plus de 60% d’enfants qui sont médicamentés, c’est un nombre qui a doublé en 10 ans. On demande aux enseignants de faire de la pédagogie différenciée avec des élèves en situation de handicap, souvent sans AESH, avec des élèves médicamentés et cela conduit les enseignants à de devenir des infirmières.

La suppression de la technologie en classe de 6ème dès la rentrée prochaine a généré beaucoup d’inquiétudes, qui sont justifiées, chez les enseignants de cette discipline. En effet, quoi qu’en dise le ministre, nombre de professeurs de technologie vont se retrouver à compléter leur service sur un autre établissement que le leur. Ce morcellement du service, c’est une nouvelle dégradation de nos conditions de travail.

Depuis novembre de nombreuses fiches RSST qui ont été rédigée par les enseignants ou les AESH font l’écho de la catastrophe en cours dans de nombreux établissements du fait de l’inclusion scolaire systématique : mises en danger d’élèves, de personnels, d’accidents de service, de burn-out, manque de postes et de places dans les structures et établissements spécialisés, transformation des enseignants spécialisés et personnels médico-sociaux en coachs dans le cadre de la politique d’évaluation de culpabilisation, etc.

Nous savons que le président Macron annoncera les grandes orientations notamment pour l’école inclusive lors de la Conférence Nationale du Handicap du printemps. Orientations qui seront déclinées dans les instances ministérielles dont le Comité National de Suivi de l’École Inclusive, c’est le fameux Acte 2 de l’école inclusive.

La FNEC FP-FO 92 est fortement inquiète suite à la publication d’un rapport d’inspecteurs généraux des finances et d’Inspecteurs généraux de l’EN d’avril 2022 sur l’école inclusive qui préconise de sortir du « tout aide humaine », et de « former les enseignants », on l’a compris, afin de pallier le manque d’AESH et de soins.

La FNEC FP-FO 92 demande l’abandon de ce rapport et rappelle qu’il était hors de question de substituer des réponses pédagogiques aux soins auxquels peuvent prétendre les élèves !